Thursday, June 26, 2014

Un vent d'indépendance - troisième partie


Trouver une mission


Maintenant que la création de l'entreprise est sur les rails il va falloir penser à trouver une mission.  

Après de nombreuses années à se faire amener ses missions par sa société de service, il fallait cette fois ci trouver une mission par sois-même. Ce qui demande plus d'effort mais aussi un nouvel aspect de mon travail que j'ai trouvé très intéressant.

J'ai commencé à mettre au courant tous les contacts que j'avais dans mon réseau, passer des coups de fils, demandé des recommandations sur linkedin ou viadeo. 

A ce moment là mes efforts étaient concentrés sur la recherche de la mission.
Lorsque l'on commence et que l'on est un peu à court d'argent on est pré disposé à accepter un peu n'importe quelle mission... Erreur ! Je pense que certaines sociétés en ont bien conscience et sont prêtes à faire des offres bien en dessous du marché.


Je me souviens d'un cas où on m'appelle pour une mission potentielle en GWT: "...le développeur devra avoir 3 ans d'xp minimum dans le framework...". Autant dire un profil qui ne courrait pas trop les rues à l'époque.

J'ai pris rendez-vous avec eux, le mec sympa, il m'expliquait un peu la mission, me demandait mon expérience... Rien d'extraordinaire.

On commençait à parler facturation, et là il m'a sorti son TJM à 300 €/J !

Si vous faites un calcul grosse maille avec 300€/J
Vous allez bosser environ 20jrs/mois à 300 € en comptant que vous preniez des vacances.

Soit 6000 €/mois HT vous aller devoir payer:
  • Les impôts/l'URSSAF, le RSI
  • Des charges inhérentes à votre société telle que la comptabilité
  • Des inter contrats ou vous ne serez pas rémunéré.

Il ne vous restera donc que 3000€ environ dans votre poche.

Sachant que lorsque la mission sera terminée vous ne bénéficierez pas du chômage, vous allez devoir gérer plus de paperasse administrative et galérer pour trouver un nouveau logement.

Autant vous dire qu'à ce prix, il vaut mieux rester salarié pour le même poste.
En fait le commercial me faisait un peu penser à ça:

tux voleur

tux images


Après quelques semaines de "réseauttage" j'ai été mis en relation avec une SSII via un ancien collègue.
Entre-temps je suis parti en Chine pendant deux mois (la vie n'est pas chère là bas) . Trois jours après mon retour la SSII m'avait trouvé une mission qui débutait 3 jours plus tard.

Ce qu'il faut savoir sur les offres de mission pour les indépendants, c'est que dans la grande majorité des cas, ce sont des besoins ASAP. Tout peut se passer très rapidement.
Comme pour une mission en tant que prestataire vous allez passer un entretien et ensuite avoir un retour souvent dans la semaine pour commencer la semaine suivante.

Ce qui signifie que le commencement d'une mission peut aller très vite, il n'est donc pas nécessaire de chercher la mission trop longtemps en avance, car il y a peu de clients prêts à accepter d'attendre deux mois. Par contre, il faut quand même activer son réseau en avance de phase pour préparer le terrain.

Autre que le réseau, il existe des sites comme Freelance info ou HopWork qui permettent de trouver des missions en direct et aussi de se donner une idée des TJM.

La mission

Ici être indépendant diffère très peu que d'être prestataire de SSII. 
Peut être excepté quelques points:
  • Parfois vous vous ferez charrier par vos collègues quand ils vous verront garder la note du repas. 
  • Votre travail est le reflet de votre activité, tout problème peut nuire à la réputation de votre entreprise
  • Vous travaillez pour vous ce qui est plus motivant. Sur ce sujet vous pouvez lire ce billet: Siffler en travaillant

Le premier paiement


Alors voilà, vous avez suivi toutes les étapes, émis votre première facture 2 mois plus tôt et vous recevez le premier virement sur votre compte professionnel. La totalité a de quoi vous faire tourner la tête comparé aux virements d'un salarié. 

Je me souviens encore du jour où j'ai vu des sommes d'argent à 4 zéros arriver sur mon compte pro, je n'étais pas habitué à ça. D'ailleurs le banquier non plus, qui si vous vous en souvenez m'avait refusé le crédit. D'un coup il était beaucoup plus enclin à m'offrir des crédits pour ma société, me faire de la publicité pour tous les services aux pros et m'appeler pour savoir si tout allait bien ! D'ailleurs ça doit vous rappelez une publicité (ridicule) avec Gad Elmaleh, oui oui c'est bien cette banque là ! 
  
Mais ne vous emballez pas trop vite ! Ce que vous n'aviez peut être pas vu, c'est Mr Etat, Mr Urssaf, Mr TVA et Mr RSI qui se sont cachés là au fond dans la cour derrière l'arbre !  
Je ne vais pas lancer un débat sur la fiscalité mais juste vous conseiller de garder de l'argent sur votre compte pro car ces messieurs ne sont pas très patients en ce qui concerne les paiements même quand ils envoient la lettre après la date butoir dans le courrier.
Et surtout de fonctionner en mode JMS avec les factures, vous recevez, vous traitez !

Il va donc falloir s'habituer à voir les 4 zéros se transformer en 3 zéros.


Un vent d'indépendance - deuxième partie


Prendre un bon départ



Ok j'ai décidé de devenir indépendant, mais par où commencer ? Je vais vous le dire tout de suite, le début est certainement le moment qui m'a semblé le plus difficile. Certainement le fait de ne pas savoir quoi faire, faire quelque chose de nouveau...

A ce moment là, j'ai eu beaucoup de chance d'avoir dans mon entourage des gens qui avaient déjà fait le pas. Si vous n'êtes pas entourés, ce n'est pas impossible, mais c'est plus compliqué et certainement plus anxiogène. Croyez moi ce n'est pas du luxe si vous n'avez jamais créé de société. 
De plus, je venais de démissionner et je n'avais pas énormément d'argent de côté, je devais donc créer la société et trouver une mission en parallèle.

Le comptable



Avant de penser à créer votre société, penser à trouver un comptable si vous n'avez aucune expérience dans le domaine. La fiscalité est assez complexe à appréhender, surtout la première année.
Le comptable va aussi vous aider à choisir la structure de votre société et vous aider dans les démarches, soit par des conseils, soit en faisant les démarches à votre place contre rémunération supplémentaire (ce que j'ai fait). Il pourra aussi vous donner des conseils afin d'optimiser votre fiscalité.

Des cabinets de comptable il en existe beaucoup, là aussi je vous recommande de prendre un comptable conseillé par quelqu'un de votre entourage, ca vous évitera quelques mauvaises surprises.

Pour ma part j'ai choisi un cabinet de comptable de type "low cost", qui fait tout par internet, ce qui est assez pratique pour un profil comme le mien qui est habitué à utiliser l'outil informatique. Après il faut savoir qu'avec ce type d'offre que le prix est certe "bas" autour de 100 €/mois mais que tout extra à un coût. Par exemple pour un rendez vous avec le comptable il faudra payer une certaine somme.  

Personnellement l'offre me convient. Maintenant je peux comprendre qu'elle puisse rebuter certains préférant avoir un contact plus direct.

L'ACCRE

Si vous avez bénéficié de la rupture conventionnelle ou d'un licenciement ce qui n'a pas été mon cas, vous pouvez faire la demande de l'accre qui peut vous permettre d'obtenir un versement anticipé de vos indemnités chômages. Ce dispositif est très intéressant car il peut vous permettre entre autre d'avoir d'un seul coup une grosse somme d'argent et vous permettre de commencer l'activité sereinement. Pour tous les détails: http://les-aides.fr/fiche/bpNgC3tGxfTeBGZeTUzZ4$Vm/pole-emploi/versement-en-capital-arce-ou-cumul-de-l-are-pour-reprise-ou-creation-d-entreprise.html


La banque



Vient le moment d'aller à la banque pour créer son compte professionnel et potentiellement demander un petit crédit histoire de compenser l'absence de revenu au début de votre activité. Oui le deuxième point n'est pas à négliger, car même si vous trouvez une mission rapidement, il se peut que le client vous payes jusqu'à deux mois après... Je reviendrai dessus plus tard dans l'article.

Pour créer son compte professionnel, rien de plus simple, on vous demandera votre kbis temporaire (sans numéro de siret), les statuts de votre société et le montant de votre capital. Théoriquement la société peut être créée à partir de 1€ de capital, mais je vous conseille de mettre un peu plus, le capital de la société est public et une société à 1€ ca fait pas très sérieux... D'autant plus que vous ne serez pas obligé de verser la totalité du capital.  

 Pour la demande de crédit les ennuis ont commencé... 
Je me considère comme un bon client de ma banque, pas de découvert, tous mes comptes chez eux, alors lorsque je leur ai demandé 10 000€ pour commencer sereinement ma nouvelle activité je pensais que ca passerait comme une lettre à la poste je me berçais d'illusion.

Première désillusion: On a commencé à me demander un prévisionnel du CA sur 3 ans alors que je venais tout juste de commencer. A savoir que ce document n'a aucune valeur, puisque c'est le responsable de l'entreprise en l'occurence moi et le comptable qui fournissons ce prévisionnel, WTF !

Deuxième désillusion:
La décision du prêt arriva moins d'une semaine après et refusé ! Pourquoi ? Parce que je ne suis pas salarié, l'obtention du crédit était trop risqué ! WTF !!!

Si j'avais été salarié et que je voulais faire un crédit conso pour m'acheter le dernier écran 3D à la mode je l'aurai eu sans problème !!! Mais créer sa société pour être freelance dans un secteur prospère il faut croire que c'est trop "risqué" pour nos amis les banquiers français. 

Donc un conseil assurez vos arrières au mieux pour éviter de vous retrouver dans une situation périlleuse qui a été mon cas.

Aussi il faut savoir qu'il est possible de négocier des avances de facturations notamment si vous passez par un intermédiaire type SSII.

Les fausses obligations


Dans les premiers mois, j'ai reçu beaucoup de courriers, certains officiels kbis, statuts, tva, urssaf, RSI et d'autres moins...

Dans ces derniers vous avez ce que moi j'appelle des escroqueries, ce que l'expéditeur appelle une obligation.

Il y en a un dont je me rappelle très clairement. J'ouvre l'enveloppe, je vois une lettre avec des couleurs bleu, blanc rouge, une facture dans les 700 € et un message sous entendant très fortement que cette somme est obligatoire. Méfiant je vais sur le site internet de la société qui m'a envoyé le courrier, je vois toujours un thème bleu/blanc/rouge et une photo du président de l'époque Nicolas Sarkozy. Donc tout a l'air d'être officiel. Mais dans le doute je demande à mon comptable. 

Il s'avère qu'en lui montrant le courrier ceci n'avait rien d'obligatoire et que ca s'apparentait plus à une arnaque en bande organisée qu'un document officiel. En réalité il s'agissait d'un référencement dans un annuaire privé d'entreprise qui n'a aucune valeur ajoutée dans mon cas...

C'est dans ces moments qu'on se dit qu'un comptable est utile.


Un vent d'indépendance - Première partie


Je sais qu'il y a déjà eu pas mal d'articles d'indépendants mais je tenais à vous partager mon expérience, car chaque indépendant est différent et chacun a son ressenti.

Comme beaucoup de développeurs java, j'ai fait mes armes dans des sociétés de services ou autres toutes leaders dans leur domaine:
  1. Leader mondial dans le consulting informatique et fan de tiger woods
  2. Leader français de l'open source 
  3. Leader sur les annuaires BtoB
  4. Leader français de l'intégration d'outil open source (non, non c'est une autre société !)
Si vous retrouver le nom des sociétés je vous paierai une bière. Interdit d'aller voir sur linkedin !!

Du coup un jour en voyant tous ces leaders je me suis dit que c'était mon tour de devenir un leader. A minima le leader mondial de moi même.

L'histoire de Walter


Ca commence par une histoire, celle de Walter qui débute sa carrière dans l'informatique il vient de se faire embaucher dans une société leader dans son domaine, il fait des missions chez des clients qui rémunèrent sa boîte pour le travail qu'il produit et ensuite sa boîte le rémunère à son tour en ayant fait un substentiel bénéfice.


Ok soit, Walter a parfois l'impression de se faire arnaquer mais il sait que c'est pour sa société, sa communauté, son clan, sa team, sa vie quoi.





Parce que sa société est bienveillante envers lui:
  • Elle lui trouve des missions qui sont formatrices à la pointe de l'innovation, struts 1, EJB 2, JSP
  • Elle lui propose des formations en n'oubliant pas de le faire signer le dédit de formation et surtout de l'envoyer chez un client pour vérifier que il a bien appris sa leçon.
  • Elle organise des supers soirées où le pdg lui dit que sa société est la plus innovante qu'elle s'inspire de google, d'apple et d'amazon réunis. A vrai dire il a déjà bu plusieurs verres d'alcool et y croit !
  • Elle aimerait bien l'augmenter, mais malheureusement c'est la crise, elle peut quand même faire un effort de 2% parce qu'il travaille bien. Il faut croire pas aussi bien que le nouvel arrivant qui touche 30% de plus que lui.
  • Elle lui offre des T-Shirts et des mugs pour qu'il puisse revendiquer son appartenance à la société.
  • Elle lui suggère même d'expliquer à son travail, sur son blog, à sa grand mère et son poisson rouge cette magnifique bienveillance.    

Mais un jour Walter se réveille et se demande si l'herbe est plus verte ailleurs, il a entendu parler d'un collègue qui vient de changer de boîte et faire une plus value de 30 % sur son salaire. 

Walter est impressionné qu'il existe des sociétés qui soient capables d'offrir un meilleur salaire que sa bienveillante société.
A vrai dire il commence à se demander si sa société est si bienveillante que ca, beaucoup de collaborateurs sont déjà partis, il se dit qu'il devrait changer.


Quelques temps après il se décide enfin à partir ! Avec un pincement au coeur. Il quitte son cocon. Il remet son costume laisser au placard pendant des années.
Il commence à faire des entretiens avec toutes les SSII avec des noms comportant "solutions" "future" "tech", où on lui pose plus ou moins toujours les mêmes questions: 
C'est quoi la dernière version de java, fait moi un singleton, c'est quoi volatile, c'est quoi synchronized etc. 

Walter répond correctement à la moitié des questions, il demande un salaire 30 % supérieur à celui qu'il avait, la RH n'a pas l'air de trop sourciller elle essaie juste de gratter 3k ou 4k en sortant l'argument de son "package".

Walter est embauché, il commence dans sa nouvelle boîte, on lui file un mug de la société, on lui dit q'il fait parti d'un groupe leader et qu'il y a une mission innovante pour lui en Struts...

Sur un air de Walter ! 

 Cette histoire inspirée de faits réels observés et entendus de ci de là peut paraître exagérée, mais je me plait à penser que tout presta a connu une partie de la vie de Walter. Il ne faut pas non plus ne voir que du négatif, la plupart de ces sociétés permettent aussi de se constituer un réseau et de monter en compétence.

C'est en prenant en compte ces observations et une envie de créer une entreprise que l'idée de l'indépendance a commencé à mûrir. 
De plus dans mon entourage je connaissais d'autre personnes qui avaient fait le pas et ne regrettaient pas de l'avoir fait. 

Contrairement à ce que certains peuvent penser, on devient rarement indépendant sur un coup de tête. 
Faire le premier pas, demande une maturité, une introspection sur soit, connaître ses propres qualités et ses défauts. Car passer indépendant c'est travailler d'abord pour soit même, sa réputation. 

Car jamais vous ne serez plus jugés sur votre travail que lorsque vous serez indépendants.
Il en va de la survie de votre société.